Mickaël Chelal a passé dix années à l’Université Paris Nanterre, de la licence au doctorat, et y a trouvé bien plus qu’un lieu d’études : un espace d’émancipation, de réflexion et d’engagement. Aujourd’hui sociologue et enseignant à l’Université du Havre, il publie Grandir en cité - La socialisation résidentielle de « jeunes de cité » (éditeur : Le Bord de l’eau), un ouvrage puissant sur la jeunesse des quartiers populaires, nourri par son parcours personnel et académique.
Portrait d’un alumni profondément attaché à Nanterre, qui incarne les valeurs de notre université.
Dix ans à Paris Nanterre : une université qui émancipe
Étudiant à l’Université Paris Nanterre de 2011 à 2022, Mickaël a suivi l’intégralité de son cursus au sein du département Sciences Sociales Appliquées (SSA), jusqu’à la soutenance de sa thèse en sociologie en 2022. Il était alors rattaché au laboratoire IDHES – Institutions et Dynamiques Historiques de l'Économie et de la Société.
Mickaël, comment avez-vous rejoint l'Université Paris Nanterre ?
Après avoir fait toutes mes études en Seine-Saint-Denis, à Rosny où j’habite depuis que je suis né et qui a été le terrain de ma thèse, je sortais pour une des premières fois de mon département de naissance pour découvrir l’université de Nanterre pour laquelle je me suis très rapidement pris d’affection au point d’y rester dix ans et débuter ma vie professionnelle.
Quelle a été votre première impression en arrivant à l'Université Paris Nanterre ?
Je me souviens d’avoir été impressionné par sa taille, la taille des amphis, et avoir adoré le campus avec ses espaces verts. J’étais très intimidé au début. Mais c’est aussi sa localisation en banlieue, dans une ville populaire, qui m’a fait m’y plaire car je retrouvais un peu de mon département et ce que j’avais pu connaitre avant.
Avec le recul, quel impact ont eu ces 10 années passées à l'Université Paris Nanterre et quel souvenir en gardez-vous ?
A mes yeux, Nanterre, c’est avant tout une mixité sociale qui m’a permis d’être à l’aise au fur et à mesure des années. Cela n’aurait pas été le cas dans une autre université, notamment intra-muros, j’en suis persuadé.
Durant toutes ces années, j’y ai appris son histoire, ce qui m’a fait encore plus aimer Nanterre, et je m’y suis politisé.
Bref, elle a rempli son rôle d’émancipation et de développement d’esprit critique notamment grâce à des enseignements marquants.
Elle a clairement contribué à construire la personne que je suis aujourd’hui, et c’est pour cela que j’y suis très attaché !
Une jeunesse en Seine-Saint-Denis, un regard tourné vers la cité
Mickaël Chelal connaît la cité de l’intérieur. Né à Rosny-sous-Bois, il y a passé toute son enfance, sa jeunesse… et y a mené l’enquête de terrain qui a donné naissance à son premier ouvrage : Grandir en cité. La socialisation résidentielle de « jeunes de cité ». Ce livre, fruit d’une immersion longue et minutieuse, explore les mécanismes de socialisation entre jeunes dans les quartiers populaires, loin des clichés, au plus près des expériences vécues.
Vivre dans l’intimité des cités… voilà ce que Mickaël Chelal nous invite à faire dans ce passionnant ouvrage avec les filles et les garçons de milieu modeste qui y grandissent…
En dehors de l’école et de la famille, comment font-ils l’apprentissage de la vie ? Comment s’initient-ils aux codes et aux normes des relations ?
Ce livre révèle un aspect insoupçonné de la socialisation des jeunes de banlieue : les rapports de pouvoirs hiérarchiques entre « grands » et « petits », se reproduisant d’âges en âges, depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte.
Les « grands » contrôlent, initient, protègent, surveillent, répriment. Les « petits » se soumettent, se rebellent, ou se réfugient dans des micro-territoires constitués, à l’abri des regards. Puis ils deviennent « grands » à leur tour et reproduisent ce même schéma de relations fondé sur la valeur cardinale du « respect ».
Peu échappe à cette structure puissante, à cette communauté d’expérience, pas même les filles, qui occupent aujourd’hui leur place dans cette organisation sociale, même si elles ne participent qu’en partie aux rapports de classes d’âge.
Récits, descriptions, portraits, extraits de conversation composent une part essentielle du texte, rédigé sur la base d’une enquête de très longue durée dans un grand ensemble de Seine-Saint-Denis, à la fois de l’intérieur et distanciée.
Mobilisant de multiples matériaux (plusieurs milliers de pages de notes d’observation, des enregistrements, des entretiens…) recueillis principalement au sein d’un groupe de garçons, d’un groupe de filles, et plusieurs espaces du quartier, comme le terrain de foot, l’enquête invite le lecteur à se plonger dans l’intimité de la cité.
Bravo à Mickaël Chelal pour la parution de cet ouvrage ! Il incarne bien l’esprit de Paris Nanterre : une université ouverte, engagée, qui permet à chacun de se construire, de penser le monde et de le transformer.
🔗 Grandir en cité. La socialisation résidentielle de « jeunes de cité »
📘 Prix : 20,00 €
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